Vous avez peut-être entendu dire qu’au cours des dernières années, Israël a connu une « révolution végane », ou qu’il s’agit du pays le plus végane du monde. J’étais récemment en Israël pour faire une conférence CEVA sur le militantisme végane à Tel Aviv, en compagnie de Mélanie Joy, dont le livre Pourquoi nous aimons les chiens, mangeons des porcs et portons des vaches: Une introduction au carnisme venait de sortir en hébreu. Ma compagne et moi avons passé quatre jours à Tel-Aviv, trois jours à Jérusalem et trois jours dans les territoires occupés, et j’ai donc eu l’occasion de vérifier par moi-même. La situation du véganisme en Israël est-elle vraiment remarquable ? Et si oui, pourquoi exactement ?

Répondre à de telles questions n’est jamais facile : il est difficile de rassembler toutes les données pertinentes et de les interpréter correctement. Mais dans ce cas, il y a des facteurs d’erreur qui rendent la tâche encore plus complexe. Tout d’abord, pour déterminer s’il se passe quelque chose d’exceptionnel en Israël, nos intérêts personnels ou nos biais peuvent jouer un rôle. Pour certains, Israël semble être la preuve que des tactiques plutôt conflictuelles, sans compromis, fonctionnent, et c’est pourquoi ils utilisent le cas d’Israël pour plaider en faveur d’un message clair et non dilué sur le go-vegan. Personnellement, je suis – à l’heure actuelle – davantage en faveur de messages légèrement édulcorés (y compris les messages réductariens), qui portent aussi sur la santé ou l’environnement. Ainsi, lorsque je regarde Israël, je dois être conscient de mes propres préjugés en ce sens.
Deuxièmement, il y a l’ombre du conflit palestinien. Beaucoup de gens, principalement de gauche, s’interrogent sérieusement sur le traitement qu’Israël réserve aux Palestiniens (j’y reviendrai plus tard), ce qui pourrait influencer leur évaluation de la situation d’Israël en ce qui concerne le véganisme. Certains suggèrent même qu’Israël polit son image avec une dose de sympathie pro-végane ( » veganwashing « ). La situation en Israël semble être un cas d’étude intéressant pour une discussion sur les interconnexions des oppressions, qui prend de plus en plus d’importance dans le mouvement animaliste/vegane en général.
Compte tenu de ces mises en garde, jetons un coup d’œil à ce que nous pouvons trouver.
Qu’est-ce qui se passe ?
Quelques bribes d’information : Israël est le seul pays au monde où la chaîne internationale de livraison de pizzas Domino’s (active dans plus de 80 pays) propose une offre végétalienne. C’est aussi le premier pays en dehors des États-Unis où les saveurs végétaliennes de la glace Ben et Jerry’s sont disponibles. L’armée israélienne prend en compte ses soldats véganes en leur offrant, entre autres, des bottes sans cuir. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a exprimé son soutien aux lundis sans viande et s’est déclaré très favorable à l’idée des droits animaux. La Vegan Fest 2014 a attiré plus de 10 000 visiteurs. Happy Cow nous montre 20 résultats véganes (restaurants, bars, etc.) et 16 résultats végétariens dans le centre ville de Tel Aviv (dans un rayon de 5 km, et pour une population de 410.000 personnes). Les agences de voyages offrent des circuits culinaires véganes de Tel-Aviv, et une visite de groupe végane d’Israël.

En me promenant à Tel-Aviv, j’ai eu l’impression superficielle qu’il s’agit effectivement d’une ville très vegan-friendly, à l’instar des villes américaines les plus vegan-friendly, comme New York ou San Francisco, ou Berlin. Tel-Aviv est la partie la plus progressiste d’Israël, tandis que Jérusalem, la plus grande ville du pays, est beaucoup plus conservatrice et ne semble pas aussi impressionnante en ce qui concerne le véganisme. Le fait que le véganisme soit concentré dans les villes les plus progressistes n’est bien sûr pas un phénomène propre à Israël.
Le mouvement activiste lui-même est très impressionnant en Israël. La croissance de ce mouvement semble être une chose très récente. Quand j’ai parlé aux gens de ce qui l’a déclenché, le nom de Gary Yourofsky, surtout connu grâce à sa vidéo « Best Speech You Will Ever Hear« , n’arrêtait pas de surgir. Yourofsky – qui s’est récemment retiré de l’activisme pour cause d’épuisement professionnel – s’est rendu en Israël en 2012 et semblait avoir galvanisé le mouvement par ses prises de paroles et nombreuses interviews dans les médias grands publics. La version sous-titrée en hébreu de sa vidéo a été visionnée plus de 700 000 fois. Yourofsky est fortement critiqué par beaucoup de gens pour ses déclarations sur les femmes, la Palestine et son attitude misanthrope générale, mais son influence en Israël semble particulièrement difficile à nier. À maintes reprises, j’ai entendu parler de militants éminents et moins éminents qui sont devenus véganes grâce à Yourofsky.
En dehors de lui, d’autres personnes influentes que j’ai entendues mentionner fréquemment sont Tal Gilboa, un militant végane qui a gagné l’émission populaire Big Brother à la télévision nationale ; Ori Shavit, un journaliste culinaire, et blogueur militant ; et Miki Haimovich, célébrité de la télévision qui dirige la campagne Meatless Monday en Israël.
Ainsi, aujourd’hui, le mouvement en Terre Sainte est clairement en plein essor. Vous aviez peut-être entendu parler de la marche pour les droits des animaux d’octobre 2015, à laquelle pas moins de 12 000 personnes ont participé. Les organisateurs ont ensuite attiré environ 30 000 personnes lors de la marche de 2017, ce qui en fait la plus grande marche pour les droits des animaux de tous les temps. J’ai rencontré des gens d’Anonymous for Animals à leur siège social à Tel Aviv, et j’ai été très impressionné par le professionnalisme et l’orientation vers les résultats de leur équipe relativement jeune (qui compte 30 personnes !). Tout aussi impressionnant est le travail de l’organisation Vegan Friendly, dirigée par Omri Paz, qui est responsable du label végane pour les entreprises, organise de nombreux événements, et fait beaucoup d’autres choses. L’organisation plus traditionnelle Let the Animals Live a, ces dernières années, introduit des campagnes véganes.

D’autres initiatives sont la page Facebook à succès Best Video You Will Ever See, qui a plus de quatre millions de likes et semble être très efficace pour aider les vidéos à devenir virales. Activegan est une nouvelle initiative pour aider les militants véganes à être plus efficaces (Chen Cohen, un de leurs fondateurs, a aidé à organiser notre formation CEVA). Un congrès végane principalement destiné aux militants a attiré 1 400 personnes en février 2017. Et puis, bien sûr, il y a l’activisme choc du mouvement 269Life, né en Israël, où les activistes se font marquer au fer rouge publiquement avec le numéro 269 – le numéro d’un veau laitier né sur une ferme israélienne.
Voilà à quel point le mouvement est actif et dévoué. Mais que disent les chiffres réels ? Alors que certains articles montrent des chiffres très élevés (vous pouvez parfois lire 5% de véganes), les rapports plus réalistes (du Bureau central des statistiques) montrent 1,7% de véganes et 4,7% de végétariens en Israël. Le sondage demandait aux gens de s’autodéfinir, ce qui signifie que les chiffres réels peuvent être plus faibles. De plus, comme l’explique l’activiste Dylan Powell, Israël est l’un des principaux pays consommateurs de viande dans le monde (après les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Autriche), et le plus gros consommateur de poulets au monde. La tendance semble également à la hausse pour la consommation de viande, et Powell (qui est explicitement pro-palestinien) dit à juste titre que le nombre de véganes dans un pays n’est pas nécessairement révélateur, et devrait être juxtaposé à la consommation de viande par habitant.
Qu’y a-t-il de différent en Israël ?
Même si le succès végane en Israël semble pour l’instant se limiter principalement à Tel-Aviv et à une élite culturelle, et même si on ne peut pas dire qu’il soit à des années lumières devant d’autres pays progressistes, il est tout de même assez impressionnant. La vitesse à laquelle tout s’est passé est particulièrement impressionnante. Il y a quelques années, le mouvement était très petit. J’ai déjà mentionné Yourofsky qui semble avoir redynamisé le mouvement, mais en discutant avec des militants israéliens j’ai aussi trouvé d’autres facteurs qui ont pu faciliter une croissance rapide.
Une caractéristique distincte de la culture juive repose sur ses interdits alimentaires. La coutume répandue d’indiquer que les produits sont casher et d’éviter les produits non casher (comme font beaucoup de juifs, bien que ce ne soit pas le cas pour tous), permet probablement aux juifs de mieux comprendre (et d’être tolérants et ouverts) aux pratiques véganes d’éviction de certains aliments. Les Israéliens semblent également avoir une communication très directe, ouverte et honnête, ce qui peut rendre encore plus facile de parler de ses préférences et de son éthique.
Un autre facteur peut être qu’Israël est un très petit pays et qu’il est relativement facile d’atteindre une grande partie de la population grâce à ses quelques médias. De plus, contrairement à la plupart des pays occidentaux, il existe une bonne base culinaire végétale en Israël (et dans d’autres pays du Moyen-Orient). L’houmous et le falafel (tous deux faits de pois chiches) sont des aliments de base qui se trouvent un peu partout (les gens y mangent des assiettes entières d’houmous).
Enfin, à travers mon expérience au sein du mouvement animaliste des États-Unis, j’ai été frappé à plusieurs reprises par le nombre disproportionné de Juifs qui y participent. Il est possible que les Juifs, ayant été victimes de persécutions et d’hostilités incessantes au cours des âges, aient plus de facilité à compatir avec le sort des autres minorités opprimées. Ce qui, bien sûr, nous amène à la question de la Palestine.
La question palestinienne
Pendant que nous planifiions notre voyage, un activiste m’a écrit devait par éthique nous inciter à visiter aussi les territoires occupés. Je me sentais gêné de seulement savourer de la bonne nourriture végétalienne à Tel-Aviv alors que j’étais au courant de tout ce qui se passait dans la région, et nous avons donc fait une visite guidée de Jérusalem-Est et d’Hébron, une ville de la région. Cette dernière tournée était dirigée par l’organisation Breaking the Silence, un groupe d’anciens soldats israéliens qui ont décidé de rompre le silence sur ce qu’ils avaient vu pendant leur service militaire. Au moment où j’écris ces lignes, le Premier ministre Netanyahou vient d’annuler une réunion avec le ministre allemand des Affaires étrangères parce que ce dernier avait parlé à Breaking the Silence. Beaucoup d’Israéliens considèrent Breaking the Silence comme un groupe de traîtres, mais pour moi, notre guide m’a semblé très raisonnable et objectif, même s’il était manifestement critiques à l’égard du pays, il ne pouvaient guère être considéré comme anti-israélien. Tout cela témoigne de ce que j’ai moi-même vécu : il existe un lourd tabou contre le fait de parler du conflit israélo-palestinien, et toute critique d’Israël peut facilement être considérée comme antisémite par certains.
Ayant vu et entendu ce qui se passe dans les territoires occupés, j’ai du mal à ignorer tout le problème israélo-palestinien dans le contexte d’un article sur le véganisme. L’expérience m’a déjà appris que quelque position qu’on défende sur le sujet provoque des réactions intenses. Je comprends que la question est très compliquée, et qu’un court séjour en Israël ne peut pas me faire comprendre toute l’histoire (un de nos guides était un Palestinien, une autre était une femme juive laïque ; je n’ai donc pas eu de vision religieuse des choses). Pourtant, ce que j’ai entendu et vu à Hébron et ailleurs m’a semblé très injuste, c’est le moins qu’on puisse dire.
Certains membres du mouvement de défense des droits des animaux (bien qu’ils puissent croire que les droits des animaux et les droits de l’homme sont liés) s’opposent au fait de mélanger animalisme et « politique », craignant de repousser de potentiels militants pour les animaux, ces derniers ayant dramatiquement besoin d’alliés, quelques soient leurs opinions et appartenances politiques. D’autres craignent que l’attention portée aux droits des animaux, lorsqu’elle n’est pas associée à une préoccupation pour les droits de l’homme, ne se fasse au détriment de ces derniers, ou qu’une préoccupation pour les droits des animaux et le véganisme ne puisse même servir à cacher le manque de respect des droits de l’homme. C’est là, bien sûr, un sujet de préoccupation particulier en Israël. Voici une citation du professeur israélien de droit international Aeyel Gross :
Quand le véganisme devient un outil pour améliorer l’image des FDI [Forces de défense israéliennes], ou celle d’Israël dans son ensemble (…) et quand on tente de dissimuler le fait que les FDI gèrent un mécanisme d’occupation qui nie les droits humains fondamentaux, le véganisme est utilisé à des fins de propagande. Aujourd’hui, à Tel-Aviv, il est beaucoup plus facile de trouver des aliments dont la préparation n’a pas nécessité l’exploitation d’animaux que des aliments dont la production n’a pas impliqué l’oppression et le déracinement d’autres êtres humains.
Il ajoute :
Il faut souligner qu’il y a beaucoup de végane qui s’opposent fermement à toute forme d’oppression. Pour ces personnes, le véganisme n’est pas un substitut à la lutte contre l’oppression d’autres êtres humains, mais fait plutôt partie intégrante de cette lutte.

Dans ce contexte, le récent mouvement végane parmi les arabes israéliens (qui constituent 20% des citoyens israéliens) vaut la peine d’être mentionné. Leur groupe s’appelle The Vegan Human. La Palestinian Animal League (PAL) est la seule organisation palestinienne de protection des animaux gérée localement et a réussi à financer avec succès une cafétéria végétarienne/végane dans une université de Jérusalem.
La nourriture
La nourriture que nous avons goûtée, partout où nous sommes allés, était excellente à tous les niveaux. Les véganes israéliens savent cuisiner ! La meilleure expérience a été le légendaire restaurant géorgien Nanuchka à Tel Aviv, qui servait autrefois de la viande, mais qui a été complètement végétalisé après que sa propriétaire, Nana Shrier, soit devenue elle-même végétalienne. Il être une sorte de symbole du changement végane en Israël. La même chose se passe partout, et même lorsque le restaurant n’est pas végétalien, il y a toujours moyen de végétaliser les plats ; j’ai même réussi à manger végétalien à Madam Kwan’s delivery [une chaîne de restaurant malaisiens]. Malgré les avertissements reçus par la propriétaire du restaurant, la végétalisation du restaurant n’a pas nui aux affaires, et l’endroit était effectivement bondé lorsque nous y sommes passés. Nous avons dîné avec de bons amis dans une atmosphère merveilleuse, en dégustant de succulents plats géorgiens sélectionnés dans un menu bien étoffé. Il y avait de délicieux « krtofiliani », ou pâte feuilletée farcie de pommes de terre et d’oignons, et les fameuses quenelles farcies d’épinards et de noix. Je me souviens aussi de formidables « boulettes de viande » à la sauce tomate, à la géorgienne. C’est un endroit où j’ai hâte de retourner.

Dimanche, nous avons pris le brunch dans le fantastique Café Anastasia, qui était animé par l’énergie de nombreuses familles. J’ai été ému de voir que tant de gens venaient manger ici et que le véganisme semblait, à ce moment-là, la chose la plus naturelle et la plus acceptée dans le monde.
Goodness est un nouveau petit restaurant végétalien de type fast-food, avec une cuisine délicieuse et un service amical. Et nous acheté délicieux produits à la boulangerie végétalienne Seeds, dont j’ai malheureusement laissé la plupart dans le bus de Tel Aviv à Jérusalem.
A Jérusalem, nous avons testé le Landwer Cafe, une chaîne de plus de soixante restaurants qui propose une cuisine traditionnelle israélienne, et qui a récemment ajouté un choix décent de plats végétaliens à son menu, dont un petit déjeuner végétalien. Dans le célèbre marché Machane Jehudah, nous avons mangé des glaces et des gaufres à Gela, qui est une petite chaîne de glaciers-cafés pratiquant ce que j’appelle le « véganisme furtif » : si vous ne savez pas déjà que l’endroit est végane quand vous entrez, vous ne le saurez pas plus en sortant. Une table près de la fenêtre dans le discret restaurant Fig nous nous a offert une belle vue sur l’ancienne muraille de la ville.
Quelle est la prochaine étape pour le mouvement végane en Israël ?
Le mouvement pour les animaliste/végane israëlien est définitivement une grosse réussite. Je pense que les tactiques confrontationnelles et les messages moralistes peuvent être très efficaces pour recruter de nouveaux militants. Mais ils pourraient être – comme certains Israéliens me l’ont dit – plus efficaces en Israël que dans d’autres pays en raison de la manière très directe dont les Israéliens communiquent entre eux. On peut aussi se demander si les nouveaux militants recrutés par ces messages devraient employer les mêmes tactiques pour convaincre le reste de la population. Nous sommes peut-être, comme l’a écrit le Che Green de Faunalytics, les fruits à la portée de la main, et ce qui nous a convaincus (nous véganes précurseurs) n’est peut-être pas ce qui poussera les masses à rejoindre nos rangs.
Cependant, le jeune mouvement israélien utilise déjà des tactiques différentes pour élargir son attrait. Anonymous for Animals consacre beaucoup d’efforts dans une campagne de type Veganuary [janvier végane], en organisant des groupes de soutien Facebook de 400 personnes chacun, et faisant porter leur message jusque dans les salles de classe. La campagne Meatless Monday [lundi sans viande] s’adresse à un large public. Le groupe Vegan Friendly semble très efficace dans sa collaboration avec les entreprises et contribue ainsi à rendre les alternatives végétales meilleures et plus disponibles. La Modern Agriculture Foundation [Fondation pour l’agriculture moderne] rassemble et encourage différents acteurs dans le domaine de la viande propre (cultivée) et a lancé l’initiative Supermeat, qui tente de créer de la viande propre (cultivée) de poulet.
Ce qui se passe en Israël en matière de véganisme est inspirant. J’espère que le mouvement végane y trouvera un moyen d’intégrer les droits de l’homme et de s’exprimer au nom des groupes défavorisés et opprimés sans s’aliéner les éventuels partisans ayant des opinions plus conservatrices. Il s’agit, bien entendu, d’un défi pour les défenseurs des animaux, où qu’ils se trouvent.
Sources
The Rise of Israel’s animal rights movement
The Myth of vegan progress in Israel
Greenwashing: Vegan Israel eats a lot of chicken
Israel is the most vegan country in the world
Israel has most vegans per capita and trend is growing
In the land of milk and honey, Israelis turn vegan
Can animal rights take precedence over human rights?
Will Israel become the world’s first vegan country?
Également publié ici: https://questionsdecomposent.wordpress.com/2019/04/20/une-revolution-vegane-en-israel-realite-ou-fiction/.